Archives mensuelles : mai 2021

Le Rondel : Mon père ce marin.


Mon père ce marin


Il avait tout pour être heureux,
L’intelligence, une belle âme ;
Il porta loin son oriflamme,
Bravant un monde coléreux.

Voilà qu’un jour très amoureux,
Il fit chanter l’épithalame ;
Il avait tout pour être heureux,
L’intelligence, une belle âme.

Comment cet être valeureux,
Accepta tout, caprice et blâme ?
Encore aujourd’hui je le clame,
Mon père fut trop généreux,
Il avait tout pour être heureux !

Annie

Le Blason : Soleil.

 

Soleil


Parfois je joue à l’ingénue,
Robe légère et jambe nue,
J’espère attiser ce frisson
Qui te rendra fort polisson !
Je ne dis rien, je me régale,
Je sens que mon feu de Bengale
N’attend que toi pour apaiser,
Grâce à l’appui de ton baiser,
Les flammes de cet incendie
Qui n’a rien d’une comédie !
Enfin  te voici, te voilà !
Plus de lainage ou falbala,
Cotillon simple et sandalette,
Je demeure sur la sellette !
Pour profiter du bel été,
Je t’offre mon décolleté,
En oubliant, ô bel amant,
Que tes rayons sont du piment !

Annie

Le Bout-Rimé : Au soleil de Rio.

 

Le Soleil

Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures
Les persiennes, abri des secrètes luxures,
Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés
Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,
Je vais m’exercer seul à ma fantasque escrime,
Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,
Trébuchant sur les mots comme sur les pavés
Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.

Ce père nourricier, ennemi des chloroses,
Éveille dans les champs les vers comme les roses;
II fait s’évaporer les soucis vers le ciel,
Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.
C’est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles
Et les rend gais et doux comme des jeunes filles,
Et commande aux moissons de croître et de mûrir
Dans le cœur immortel qui toujours veut fleurir !

Quand, ainsi qu’un poète, il descend dans les villes,
II ennoblit le sort des choses les plus viles,
Et s’introduit en roi, sans bruit et sans valets,
Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.

— Charles Baudelaire


Au soleil de Rio

A Rio le soleil caresse les masures
D’où s’échappent parfois les rires des luxures
Que le temps, vieil ami des soupirs redoublés,
Fauche comme l’on fauche et le pauvre et les blés.
Le Christ lève les bras, et vers les cieux s’escrime
A fondre dans l’azur sa prière et la rime
Que les Cariocas, pieds nus sur les pavés,
Font chanter chaque jour sur des frissons rêvés.

Dans cette baie immense, on soigne les chloroses,
Avec force sambas qui font danser les roses
Et les belles de nuit, dont la robe arc-en-ciel,
Met en valeur les teints aux fragrances de miel.
Faux mendiants d’un soir, posés sur leurs béquilles,
Retrouvent leur allant sous le baiser des filles,
Si tendres à croquer, tels ces fruits à mûrir,
Que l’on cueille trop tôt les pressant de fleurir…

La nature alentour déborde sur les villes ;
On oublie un instant toutes les choses viles,
Les riches font causette avec quelques valets
Puis les yeux sur le Pain retrouvent leurs palais !


Annie

Le sonnet français : L’angoisse.

L’angoisse


Celui qui ne sait pas l’angoisse et sa souffrance,
Ne peut imaginer tout l’ampleur du dégât,
Quand un passé retors, plus poisseux qu’un nougat,
Vous tient le dragée haute, allant jusqu’à l’outrance.

Vous pensiez l’avoir vu tirer sa révérence
Dans un jardin gourmand de rose ou seringat,
Ne pouvant supporter, en triste renégat,
Que l’on puisse sourire à la moindre fragrance !

Et voici qu’il revient se repaître à nouveau,
De chiendent, de soucis, de l’eau d’un caniveau,
Où votre esprit se noie en son propre mal être.

Vous avez beau vouloir repousser l’ennemi,
Il vous colle à la peau comme un timbre à sa lettre
Tandis que vous rêvez d’une note de mi…

Annie

48 èmes jeux floraux de l’Essor poétique de la Roche Sur Yon.

Un seul prix cette année aux jeux floraux de l’Essor poétique de la Roche Sur Yon mais quel prix ! 

 


Course en solitaire


Partir à dos d’écume est un pari gagnant
Pour le skipper féru de course en solitaire,
Et qui trouve en Neptune un allié régnant.

Suite à de longs adieux pour son lopin de terre,
Toutes voiles dehors, futé navigateur,
Il se tient prêt enfin à sonder le mystère !

Passé le Pot au Noir, il vise l’équateur,
Jongle avec les embruns, maîtrise les bourrasques,
D’un troupeau rugissant, il devient le dompteur !

Ne dormir que d’un œil, en rêvant de Tarasques,
Voilà quel est le sort de ce prompt chevalier,
Fiancé de la nuit qui l’invite en ses frasques.

Quand l’océan se calme, ô bonheur singulier
De savourer déjà sa première victoire :
– Être seul maître à bord à flatter son geôlier !

Poète ou baroudeur, que j’aime son histoire
Nourrissant mon esprit ivre d’émotions,
Lorsque tous les brisants changent sa trajectoire !

Traverser l’impossible et ses mille sillons
Relève de l’exploit, mais avec du courage,
L’être humain, bien souvent, renaît de passions !

Qu’il récolte la gloire ou le pire naufrage,
L’important n’est-il pas d’avoir frôlé le ciel,
Sans regretter jamais la douceur d’un ancrage,

Afin d’y revenir riche d’essentiel !
Annie