Festin du matin
Avant que tout s’éveille, il me plaît d’écouter,
Les songes du jardin qui doucement soupire,
Après la longue nuit l’aube bâille, transpire,
Et le jour, paresseux, tarde à se velouter.
C’est là que tendrement on entend froufrouter
Les jupons des buissons de mon modeste empire ;
Si je règne sur tout, dès que la rose expire,
Je sais que j’ai perdu le suc de mon goûter !
Un chant harmonieux lance sa mélodie,
Brusquement tout s’agite, étrange rhapsodie :
– La république ailée appelle au grand festin !-
Je regarde plus haut, dans sa robe moulante,
La lune s’évapore en son noble destin,
M’offre un dernier baiser de sa bouche galante…
Annie