Le sonnet estrambot : Réveil printanier.

 Aquarelle de Marie-Luce

Réveil printanier

Ainsi qu’une hirondelle en ce printemps bien sage,
Brode sans le savoir l’or de mon horizon,
Le réveil de ma plume, au fond de sa prison,
Pousse l’inconscient vers un nouveau message.

Désormais tout est prêt pour un plus doux tissage,
Jaillissent de partout des parfums à foison,
Quand un brin de folie, en son exhalaison,
Demande à se nicher dans les plis d’un corsage !

Il suffit pour cela de cueillir au matin,
Le chant d’une fontaine et la fleur de satin
Qui, sous les pleurs d’argent, ôte enfin sa voilette.

Chaque jour est plus beau, le soleil généreux
Distribue à tout va les trésors doucereux
Du joli moi d’avril peaufinant sa toilette !

Et si le soir venu fringotte le pinson,
Je me plais à penser qu’une belle moisson
Jaillira dès demain d’un cœur de violette !

Annie

Baptême d’Alba 23 avril 2023

Le chemin du baptême est un cadeau des cieux,
Ce matin pour Alba tout le monde s’apprête,
La famille au complet, d’une âme guillerette,
A rejoint le clocher calme et silencieux.

Voici donc qu’en ce jour un minois gracieux,
Sous la main du Seigneur, offre sa collerette,
Comme au milieu des champs la blanche pâquerette
Attend la goutte d’eau, trésor si précieux !

Sur le front pur et lisse une croix se dessine,
Son parfum est plus doux que la fleur de glycine,
La lumière sourit derrière le vitrail.

Bienvenue à l’enfant au sein de cette église !
Les cloches tout à coup lancent leur vocalise
Invitant les amis au pied du vieux portail !

Annie

Le Rondel : Au royaume des oiseaux.

Au royaume des oiseaux

Tous les nichoirs de ma clôture,
Se sont remplis de chants d’oiseaux,
Entre les fleurs et les roseaux,
Moi je souris à l’aventure !

Vite un stylo pour l’écriture,
Je veux alerter les réseaux !
Tous les nichoirs de ma clôture
Se sont remplis de chants d’oiseaux !

Ah vive cette investiture !
Je suis la reine aux doux fuseaux,
Qui sous les ailes en biseaux,
Surveille avec magistrature
Tous les nichoirs de ma clôture !

Annie Poirier

Le sonnet marotique : La chasse est ouverte.

Joyeuses Pâques à tous  !

La chasse est ouverte.

Les cloches ont sonné loin de la capitale,
Et l’on oublie un peu le tumulte et les cris
Pour suivre les gamins qui lancent des paris,
Quand c’est la chasse aux œufs, la lenteur est fatale !

Quelques lapins farceurs, cachés sous un pétale,
Pour le petit dernier, n’auront jamais de prix !
Ô le doux souvenir faisant naître le ris
De l’adulte garant de fibre parentale !

Plutôt que de combattre, à tort et à travers,
Tous ces moulins à vent qui troublent l’univers,
Éduquons dans l’amour notre progéniture !

Je ne peux que haïr les exemples malsains
De ces fauteurs de trouble aux cyniques desseins,
Dont la stupidité fait honte à la nature !

Annie

Le sonnet marotique : Retour du printemps.

Retour du printemps

La pervenche sourit, le papillon volette,
Le bouton d’or déjà rayonne de bonheur,
Tous les prés alentour charment le promeneur,
Le printemps revenu balade sa palette !

L’éclatante jonquille avec la violette,
Réveillent tendrement l’insecte butineur,
Pendant qu’une jacinthe, en son rêve flâneur,
S’amuse à taquiner le brin de ciboulette !

Dès que le mimosa calme son flamboiement,
Le fier camélia, dans son bel engouement,
Ourle tous ses boutons pour imiter la rose.

Primevères, crocus ou muscari bleuté,
Tout un monde floral se fait une beauté,
Et moi face au jardin je m’attelle à ma prose !

Annie

Le sonnet polaire : Le bruit du silence.

BLOG EN PAUSE

Le bruit du silence

C’est le murmure doux de l’herbe printanière,
Du papillon de nuit, le frôlement discret,
Le galop d’une biche au sein d’une forêt,
Les pattes de velours du chat dans sa panière.

C’est le cœur de l’horloge et le soupir du vent,
La braise qui s’endort dès le soleil levant,
Le froufrou de la nuit retrouvant sa cachette.

C’est aussi le bourgeon riant comme un gamin,
Le muguet virginal parfumant sa clochette,
Le frisson du lilas qui prépare demain.

Cela peut-être encore, agitant sa crinière,
Pégase qui s’enfuit du haut d’un minaret,
Tandis que le silence en son rêve secret,
Reprend avec brio sa danse routinière !

Annie Poirier

La Bandollière : Le rouge-gorge.

Le rouge-gorge

Couleur de l’automne, il est revenu
Comme le gamin courant chez sa mère
Quand la liberté redevient amère,
Couleur de l’automne, il est revenu.

Couleur de l’automne, il n’attend plus rien
Pour sa gorge rouge et sa douce plume,
Si ce n’est l’espoir que ma main rallume,
Couleur de l’automne, il n’attend plus rien.

Couleur de l’automne, il est bien poli,
En manteau de feu sur la neige blanche
Quand l’hiver venu porte sa palanche,
Couleur de l’automne, il est bien poli !

Annie

La Terza-Rima : Ma France.

Ma France

Ma France est un pays de grande liberté,
Quand la colère gronde, il faut bien la comprendre,
Mais de nos jours, hélas, plus rien n’est vérité…

Des erreurs de jadis nous devions tous apprendre
A mieux entretenir cet immense jardin,
Mais voici qu’à nouveau se réveille Cassandre !

La pagaille est partout, que l’on soit citadin,
Ou que l’on vive au cœur d’une verte campagne,
Chaque saison nouvelle apporte son gourdin !

La grogne est à genoux, nos châteaux en Espagne
Sont les moulins à vent de notre esprit frondeur,
Et chacun tire à soi les franges d’un vieux pagne !

Mais pourquoi donc encor ce regain de froideur
Contre un gouvernement que l’on dit girouette,
Où pouvoir et bonté n’ont pas la même odeur ?

La richesse est pourtant dans un vol d’alouette,
Qui chante pour nous tous dans un ciel azurin,
Mais il ne suffit pas pour remplir la brouette,

Si les plus fortunés dédaignent le pétrin !

Annie

Le sonnet français : A l’ange de la poésie.

A l’ange de la poésie

Un ange, me dis-tu, suffirait à ma prose
Pour desserrer les nœuds de mon esprit frondeur
Qui refoule les mots dont la douce candeur
Repose désormais dans les plis d’une rose ?

Moi qui n’attends plus rien pour guérir ma névrose,
Ma main, vais-je la tendre au bel ambassadeur
De cet art qui rayonne au fait de sa splendeur,
Tant sa parole est d’or et sa dentelle rose ?

S’il me prend sous son aile, ah ! j’aimerais aussi,
Bien délicatement balayer mon souci
En tirant d’une plume un peu de sa faconde !

La vanne de mes pleurs en se vidant soudain,
Lasse de bouillonner sous la rime inféconde,
Jaillirait de nouveau pour fleurir mon jardin !

Annie

Le sonnet marotique : Réminiscence.

Réminiscence

Mon père avait pleuré, moi je prenais la route,
J’allais connaître alors un tout autre destin,
Sans aucune famille et sans aucun festin,
N’ayant pas d’autre choix pour un morceau de croûte…

D’un cœur mélancolique, et d’une âme en déroute
Je garde souvenir, en ce triste matin,
Quand bien même ce temps perdu dans le lointain
Ne fait pas plus de bruit qu’un oiseau qui froufroute !

Pourquoi donc aujourd’hui le retour impromptu
D’un nuage oublié qui bien longtemps s’est tu,
Honteux d’avoir chassé d’un printemps l’allégresse.

Sans doute que le ciel, chargé de tant de pleurs,
A-t-il voulu vider son trop plein de douleurs
Dans mon hiver rempli d’amour et de tendresse !

Annie