Archives de catégorie : Fleurs et jardin

Le pantoum : A ma couronne de communion !

A ma couronne de communion !

Près d’un jupon de marguerite,
Je pense à toi père chéri.
Le printemps sort de sa guérite,
Déjà le crocus a souri.

Je pense à toi père chéri,
Te souviens-tu de ma couronne ?
Le gros nuage s’est tari,
L’air est plus doux, le chat ronronne.

Te souviens-tu de ma couronne ?
Les fleurs des champs sont en satin ;
Hommage à toi sainte patronne,
Le clocher bruit dans le lointain.

Les fleurs des champs sont en satin,
A la porte de notre église.
Sous un vitrail diamantin,
L’oiseau lance une vocalise.

A la porte de notre église,
Tu m’as conduite par la main.
Puisque l’hiver fait sa valise,
On sait qu’il fera beau demain !

Tu m’as conduite par la main,
Ta fleur était ma favorite !
On sait qu’il fera beau demain,
Près d’un jupon de marguerite !

Annie

Le sonner marotique : Printemps

Printemps

Le temps est revenu de voir s’ouvrir les roses,
De gagner les bosquets où les amants fidèles,
S’en vont main dans la main guetter les hirondelles,
Ou cueillir du bonheur, maintes dentelles roses.

Adieu les jours frileux ! Adieu tristes névroses !
Bientôt refleuriront les belles muscadelles,
Nous n’aurons plus besoin d’allumer les chandelles,
Car les jours seront longs au pied des primeroses !

Les matins sont en or, les cieux sont diamants,
Ô mois des mariés que vous êtes charmants !
On se doit d‘être heureux au son des campaniles.

Voici venir aussi les plus belles chansons
Qui, sous les feux du ciel, bénissent les moissons
Mêlant leur voix profonde aux notes juvéniles.

Annie

Le sonnet à kyrielle : Curieuse politique.

Curieuse politique !

Tandis que nous grognons contre la politique
Les genêts des talus laissent couler de l’or,
Leur générosité n’est pas diplomatique
Ne craignant de montrer tout l’envers d’un décor !

La marguerite accourt en ce lieu fantastique,
Où rient la pâquerette et le gai bouton-d’or ;
Chacun trouve sa place en respectant l’éthique,
Ne craignant de montrer tout l’envers d’un décor !

Les ajoncs généreux ont déversé leur bourse
Et dorment maintenant couchés sur leur ressource,
Ne craignant de montrer tout l’envers d’un décor !

Comme il faut bien aussi qu’un peu le monde bouge,
Gentil Coquelicot veut voir la vie en rouge
Ne craignant de montrer tout l’envers d’un décor !

Annie

Le sonnet français : Mauvaise humeur.

Mauvaise humeur

Dans l’air humide et frais, je promène ma peine,
Celle d’avoir perdu cette complicité
Qui nous liait tous deux dans un monde ouaté,
Beaucoup plus doux encor que la plus douce penne !

Désormais l’habitude a refermé le pêne,
Je demeure blottie en mon anxiété,
Maintenant que le temps, dans sa frivolité,
Flatte d’autres minois et me sourit à peine…

Je n’oublierai jamais cette jeune épousée,
Au regard ébloui d’être plus courtisée
Que la rose en jupon qui lentement se meurt.

Quand l’avenir n’est plus qu’un éclat de bohème,
Je me dois de calmer cette mauvaise humeur,
En chassant le cafard des mots de ce poème !

Annie

Le Zegel : Premier réveil de la nature.

Premier réveil de la nature

Oh comme il est joli le cœur de la jonquille
Souriant au printemps qui déjà se maquille,
Prêt à pointer le nez de sa tendre coquille
Dès qu’un rayon plus chaud s’élève à l’horizon !

Comme il est guilleret le chant de la mésange,
Qui de sa plume bleue, aussi douce qu’un ange,
M’invite à préparer la nouvelle vendange
D’un chapelet de vers et son exhalaison !

Et ce nouveau chaton poudrant sa collerette
N’est-il pas prometteur de nouvelle amourette,
Dès qu’un gai bouton-d’or, face à la pâquerette,
Éclaire les prés verts plus fort que de raison ?

Quant au camélia, fringant comme une rose,
Il est bien le premier à taquiner ma prose,
Tandis qu’un mimosa, quittant son air morose,
Parfume mon jardin jusqu’à la pâmoison !

Annie Poirier

Le sonnet marotique : Espoir

*

Notes d’espoir

 La grisaille est partout, même mon lavandin
Semble prêt à gémir durant sa longue veille,
Le cyclamen aussi, qu’un noir corbeau réveille,
Peine à mettre en valeur son beau vertugadin !

Mais ce matin je vois au fond de mon jardin,
Le fringant mimosa déployer la merveille
D’un bouquet de splendeur, que mon regard surveille,
Pressé de voir partir l’hiver et son gourdin !

Voici donc que l’espoir, lassé de sa voilette,
Renaît avec le jour, peaufinant sa toilette,
Dès qu’un rayon doré fait chanter les oiseaux !

Et quand enfin la nuit berce sa somnolence,
La nature en secret, pour broder le silence,
Déroule avec amour les fils de ses fuseaux !

Annie

La Villanelle : A l’abri de ma tonnelle.

A l’abri de ma tonnelle

J’ai brodé ma Villanelle
Avec du fil de satin
A l’abri de ma tonnelle.

Pour la gentille hirondelle,
En route vers son destin,
J’ai brodé ma Villanelle.

En avant la ritournelle
Qui cueille l’or du matin,
A l’abri de ma tonnelle !

Désormais ma vie est belle,
Depuis qu’au mont Palatin,
J’ai brodé ma Villanelle !

La consonne à la voyelle
A mimé le galantin
A l’abri de ma tonnelle…

Maintenant sur la margelle
Son chant se fait cabotin !
J’ai brodé ma Villanelle
A l’abri de ma tourelle !

Annie

Le sonnet français : Après l’été.

Après l’été

Le monde sera-t-il bien plus beau, bien plus rose,
Quand l’automne venu calmera le tison,
D’un trop fougueux soleil hâtant la fenaison,
D’une nature en feu cramant son air morose ?

Durant l’été brûlant j’ai vu pleurer ma rose,
Lasse de ne pouvoir en son exhalaison
Égaler en beauté tout l’or de l’horizon,
Et l’incroyable éclat d’un ris de primerose.

L’hirondelle est partie et mon cœur est chagrin,
Je suis comme l’épouse au départ du marin,
Je surveille les cieux, l’orage et ses alarmes !

Si l’actualité nous offrait du jasmin,
Au lieu de nous servir son chapelet de larmes,
La vie aurait le goût de miel et de cumin !

Annie Poirier

Le Pantoum : Adieu l’hiver.

Tableau réalisé par le Président de l’Essor poétique de la Roche Sur Yon, Jean-Paul Vivier.

Adieu l’hiver

L’été revient, tombe ma peine,
L’espoir sourit au seringa.
Dans l’air si chaud vole une penne,
Plus douce encor que l’alpaga !

L’espoir sourit au seringa,
Muse se fait un peu mutine.
Plus douce encor que l’alpaga,
Danse la fleur de l’églantine.

Muse se fait un peu mutine,
Dans les bras d’un jeune marin.
Danse la fleur de l’églantine,
Entre lavande et romarin.

Dans les bras d’un jeune marin
J’ai cru que la vie était rose ;
Entre lavande et romarin,
L’azur bénit la primerose.

J’ai cru que la vie était rose,
Même quand souffle un vent d’autan.
L’azur bénit la primerose,
Elle est belle la fleur d’antan !

Même quand souffle un vent d’autan,
Mon cœur attend sa sérénade.
Elle est belle la fleur d’antan,
Dans sa robe de cotonnade.

Mon cœur attend sa sérénade
Sur le balcon d’un lendemain.
Dans sa robe de cotonnade,
Gai papillon joue au gamin !

Sur le balcon d’un lendemain,
Enfin je peux ouvrir le pêne !
Gai papillon joue au gamin,
L’été revient tombe ma peine !

Annie Poirier

 

Le sonnet estrambot : Réveil printanier.

 Aquarelle de Marie-Luce

Réveil printanier

Ainsi qu’une hirondelle en ce printemps bien sage,
Brode sans le savoir l’or de mon horizon,
Le réveil de ma plume, au fond de sa prison,
Pousse l’inconscient vers un nouveau message.

Désormais tout est prêt pour un plus doux tissage,
Jaillissent de partout des parfums à foison,
Quand un brin de folie, en son exhalaison,
Demande à se nicher dans les plis d’un corsage !

Il suffit pour cela de cueillir au matin,
Le chant d’une fontaine et la fleur de satin
Qui, sous les pleurs d’argent, ôte enfin sa voilette.

Chaque jour est plus beau, le soleil généreux
Distribue à tout va les trésors doucereux
Du joli moi d’avril peaufinant sa toilette !

Et si le soir venu fringotte le pinson,
Je me plais à penser qu’une belle moisson
Jaillira dès demain d’un cœur de violette !

Annie