Archives de catégorie : Poèmes

Le sonnet marotique : La chasse est ouverte.

Joyeuses Pâques à tous  !

La chasse est ouverte.

Les cloches ont sonné loin de la capitale,
Et l’on oublie un peu le tumulte et les cris
Pour suivre les gamins qui lancent des paris,
Quand c’est la chasse aux œufs, la lenteur est fatale !

Quelques lapins farceurs, cachés sous un pétale,
Pour le petit dernier, n’auront jamais de prix !
Ô le doux souvenir faisant naître le ris
De l’adulte garant de fibre parentale !

Plutôt que de combattre, à tort et à travers,
Tous ces moulins à vent qui troublent l’univers,
Éduquons dans l’amour notre progéniture !

Je ne peux que haïr les exemples malsains
De ces fauteurs de trouble aux cyniques desseins,
Dont la stupidité fait honte à la nature !

Annie

Le sonnet marotique : Retour du printemps.

Retour du printemps

La pervenche sourit, le papillon volette,
Le bouton d’or déjà rayonne de bonheur,
Tous les prés alentour charment le promeneur,
Le printemps revenu balade sa palette !

L’éclatante jonquille avec la violette,
Réveillent tendrement l’insecte butineur,
Pendant qu’une jacinthe, en son rêve flâneur,
S’amuse à taquiner le brin de ciboulette !

Dès que le mimosa calme son flamboiement,
Le fier camélia, dans son bel engouement,
Ourle tous ses boutons pour imiter la rose.

Primevères, crocus ou muscari bleuté,
Tout un monde floral se fait une beauté,
Et moi face au jardin je m’attelle à ma prose !

Annie

Le sonnet polaire : Le bruit du silence.

BLOG EN PAUSE

Le bruit du silence

C’est le murmure doux de l’herbe printanière,
Du papillon de nuit, le frôlement discret,
Le galop d’une biche au sein d’une forêt,
Les pattes de velours du chat dans sa panière.

C’est le cœur de l’horloge et le soupir du vent,
La braise qui s’endort dès le soleil levant,
Le froufrou de la nuit retrouvant sa cachette.

C’est aussi le bourgeon riant comme un gamin,
Le muguet virginal parfumant sa clochette,
Le frisson du lilas qui prépare demain.

Cela peut-être encore, agitant sa crinière,
Pégase qui s’enfuit du haut d’un minaret,
Tandis que le silence en son rêve secret,
Reprend avec brio sa danse routinière !

Annie Poirier

La Bandollière : Le rouge-gorge.

Le rouge-gorge

Couleur de l’automne, il est revenu
Comme le gamin courant chez sa mère
Quand la liberté redevient amère,
Couleur de l’automne, il est revenu.

Couleur de l’automne, il n’attend plus rien
Pour sa gorge rouge et sa douce plume,
Si ce n’est l’espoir que ma main rallume,
Couleur de l’automne, il n’attend plus rien.

Couleur de l’automne, il est bien poli,
En manteau de feu sur la neige blanche
Quand l’hiver venu porte sa palanche,
Couleur de l’automne, il est bien poli !

Annie

La Terza-Rima : Ma France.

Ma France

Ma France est un pays de grande liberté,
Quand la colère gronde, il faut bien la comprendre,
Mais de nos jours, hélas, plus rien n’est vérité…

Des erreurs de jadis nous devions tous apprendre
A mieux entretenir cet immense jardin,
Mais voici qu’à nouveau se réveille Cassandre !

La pagaille est partout, que l’on soit citadin,
Ou que l’on vive au cœur d’une verte campagne,
Chaque saison nouvelle apporte son gourdin !

La grogne est à genoux, nos châteaux en Espagne
Sont les moulins à vent de notre esprit frondeur,
Et chacun tire à soi les franges d’un vieux pagne !

Mais pourquoi donc encor ce regain de froideur
Contre un gouvernement que l’on dit girouette,
Où pouvoir et bonté n’ont pas la même odeur ?

La richesse est pourtant dans un vol d’alouette,
Qui chante pour nous tous dans un ciel azurin,
Mais il ne suffit pas pour remplir la brouette,

Si les plus fortunés dédaignent le pétrin !

Annie

Le sonnet français : A l’ange de la poésie.

A l’ange de la poésie

Un ange, me dis-tu, suffirait à ma prose
Pour desserrer les nœuds de mon esprit frondeur
Qui refoule les mots dont la douce candeur
Repose désormais dans les plis d’une rose ?

Moi qui n’attends plus rien pour guérir ma névrose,
Ma main, vais-je la tendre au bel ambassadeur
De cet art qui rayonne au fait de sa splendeur,
Tant sa parole est d’or et sa dentelle rose ?

S’il me prend sous son aile, ah ! j’aimerais aussi,
Bien délicatement balayer mon souci
En tirant d’une plume un peu de sa faconde !

La vanne de mes pleurs en se vidant soudain,
Lasse de bouillonner sous la rime inféconde,
Jaillirait de nouveau pour fleurir mon jardin !

Annie

Le sonnet marotique : Réminiscence.

Réminiscence

Mon père avait pleuré, moi je prenais la route,
J’allais connaître alors un tout autre destin,
Sans aucune famille et sans aucun festin,
N’ayant pas d’autre choix pour un morceau de croûte…

D’un cœur mélancolique, et d’une âme en déroute
Je garde souvenir, en ce triste matin,
Quand bien même ce temps perdu dans le lointain
Ne fait pas plus de bruit qu’un oiseau qui froufroute !

Pourquoi donc aujourd’hui le retour impromptu
D’un nuage oublié qui bien longtemps s’est tu,
Honteux d’avoir chassé d’un printemps l’allégresse.

Sans doute que le ciel, chargé de tant de pleurs,
A-t-il voulu vider son trop plein de douleurs
Dans mon hiver rempli d’amour et de tendresse !

Annie

Le sonnet marotique : Hiver gourmand.

Photo de Gérard Méry

Hiver gourmand

Ce matin la nature a blanchi le gazon,
Tout est silencieux, le décor est magique,
Je promène à pas lents une âme nostalgique,
Et déguste à loisir le suc de la saison.

Dans la douce chaleur de ma tendre maison,
Pour secouer un peu mon esprit léthargique,
Je comble mon plaisir de façon stratégique
En lançant mes filets au cœur d’un horizon !

Si le brin d’herbe a froid, la nature fidèle
Appellera bientôt la gentille hirondelle,
Il faut tuer le temps avec des rêves d’or !

Déjà le mimosa prépare son panache,
En noyant mon frisson dans un vin de grenache,
J’imagine l’espoir planant comme un condor !

Annie

Le sonnet français : Curieux oiseaux.

Curieux oiseaux !

De curieux oiseaux dansent avec Éole,
Seulement une patte et trois ailes pourtant,
Ne peuvent s’envoler pour une farandole,
Habitués qu’ils sont à ce rythme constant.

L’amoureux du moulin, de girouette folle,
Rêve pour son jardin l’espace d’un instant
De posséder aussi cette immense corole,
Mariant tant de grâce et force de titan.

Ah vous aimeriez bien que l’on vous applaudisse,
Quand jouant à l’avion, vous tournez votre hélice
Et pointez votre nez toujours vers l’horizon !

Vous n’appartenez pas aux races volatiles,
Mais si pour l’être humain vous êtes bien utiles,
Éoliennes, valsez, je vous donne raison !

Annie

Stances : Au jardin de mon coeur.

Sculpture de mon amie artiste Christiana Moreau

Au jardin de mon cœur

Au jardin de mon cœur, qu’importe la saison,
Fleurissent des mots doux comme des hirondelles,
Quand ton regard brûlant de ses mille chandelles,
Appuyé sur le mien, m’ouvre ton horizon.

Sans toi je ne serais qu’une barque en partance,
Seule sur l’océan d’un flot de sentiments,
Quand les désirs du corps, dans leurs frémissements,
Appellent au secours l’amour et sa prestance.

Depuis que j’ai reçu le cadeau de tes bras,
Ton sourire enjôleur et son lot de tendresse,
Chaque jour que Dieu fait est telle une caresse,
Mon esprit enjoué cultive ses hourras !

Dès que revient le soir, je m’accroche à ton rêve,
Nos doigts entrelacés scellent notre destin,
Et nos nuits de velours, délicieux festin,
Abreuvent tous nos sens de nectar et de sève.

Je bénis Cupidon et son habileté,
Ce bonheur est si grand, sans arrêt je le clame ;
Désormais pour toujours on m’appelle madame
Et le ciel applaudit notre félicité !

Annie