Archives de catégorie : Fleurs et jardin

Le sonnet français : L’été au jardin.

L’été au jardin

En cet été flambant j’ai l’esprit qui frétille,
Existe-t-il sur terre un endroit plus discret
Que mon tendre univers, et son jardin secret,
Où je guette l’oiseau qui chante et qui sautille ?

Du matin jusqu’au soir, quand l’étoile scintille,
Tout un monde animal, affable et guilleret,
Calme son engouement à l’ombre d’un guéret,
A l’heure où le soleil embrase la myrtille.

Je suis reine d’un lieu modeste et bien charmant,
Ma fortune est cet or qui brille au firmament,
Et ma dame d’atours a le parfum des roses !

Dès que Nyx apparaît en robe de satin,
Les heures à venir ne sont jamais moroses,
Mon sommeil est plus doux qu’un sourire enfantin !

Annie 

Le sonnet marotique : Régal d’été.

Régal d’été

Que j’aime ces jours chauds, symboles de paresse,
L’horizon qui pétille en gerbes de bonheur,
Tandis que le soleil, de son air ricaneur,
En dardant ses rayons, surchauffe sa caresse !

Comme par le passé, je bois jusqu’à l’ivresse
Le moindre chant d’oiseau ; Je deviens moissonneur
D’une riche nature où l’or est à l’honneur,
Quand l’épi de blé mûr avec fierté se dresse !

Le jour traîne longtemps sa lumière et son feu,
Dès que la lune enfin l’endort dans son enfeu,
Sous les cieux étoilés, dehors je me régale !

Et petit à petit plus un bruit ne s’entend,
Si le grillon se tait, j’ai mon lit qui m’attend,
Pour me faire bercer d’un rêve de cigale !

Annie 

Le sonnet français : Illusions.

Illusions

Un homme me sourit, mon cœur bat la chamade,
Je savais que le temps est un chemin ardu,
Et ne m’attendais pas à l’hommage rendu,
Aujourd’hui j’ai l’esprit complètement nomade !

Ce sourire enjôleur, délicate brimade,
L’espace d’un instant, sur un malentendu,
A ravivé l’espoir que je croyais perdu,
De mériter encore un zeste de pommade !

Hier je m’agaçais d’un sifflement gênant,
Je guette de nouveau chaque geste avenant,
Pour savourer toujours le bonheur d’être femme !

Si la galanterie a perdu ses valeurs,
Il est des gestes doux dont notre corps s’affame,
Chaque saison nouvelle aime à soigner ses fleurs !

Annie

La Ballade : Fin d’hiver.

Fin d’hiver

L’hiver enfin fait une pause,
Le soleil point à l’horizon
Dès qu’une brume se dépose.
Le voile blanc de la saison
Chante sans bruit son oraison,
Tandis qu’au sol, les pâquerettes,
Offrent déjà leur pâmoison.
Sortons chapeaux et collerettes !

Puisque plus rien ne s’y oppose,
Tous les crocus en garnison,
Saluent le ciel, qui leur propose
D’accélérer leur floraison !
Dans une douce exhalaison,
Les primevères guillerettes
Ont déjà quitté leur prison !
Sortons chapeaux et collerettes !

Ainsi chaque jour je m’impose
Un petit tour sur mon gazon,
Il faut bien que l’oiseau dispose
De bonnes graines à foison,
Et sur le seuil de ma maison,
Je vois naître des amourettes
Au pied de chaque frondaison.
Sortons chapeaux et collerettes !

Adieu le poêle et son tison !
On va ranger les chaufferettes,
Et surveiller la pondaison !
Sortons chapeaux et collerettes !

Annie

Le sonnet Lozérien : Rêve de Cardabelle.

Rêve de cardabelle

J’aurais aimé cueillir la fleur de cardabelle
Au pied du lavandin ;
Peut-être savez-vous qu’il n’est pas anodin
De froisser son labelle ?

J’ai parcouru le Causse en quête de la belle,
Non pas pour mon jardin,
Je voulais simplement éloigner le gourdin,
Grâce à la sentinelle !

Hélas, je n’ai trouvé ni l’œillet grenadin,
Ni même l’asphodèle,
Charmés par le grand cœur d’un gentil baladin !

Bergère sans agnelle,
J’ai vu s’épanouir mon désir citadin
Dans l’or d’une aquarelle !

Annie

Le sonnet marotique : Début d’automne.

Début d’automne

Oh le beau champignon ! est-ce une coulemelle ?
Vite, allons dans les bois récolter le trésor,
D’un automne attentif à nous offrir son or,
Tandis que le ciel bleu doucement se pommelle !

Quelques feuilles déjà s’amusent pêle-mêle
A former sur le sol, dans un dernier essor,
Un somptueux tapis pour conjurer le sort
D’un été plutôt las de traîner la semelle !

L’hirondelle a choisi de suivre son instinct,
Comme il va nous manquer son joyeux baratin,
Mais Rouge-gorge est là pour nous égayer l’âme !

Bientôt le jour sera plus court que de raison,
Il faudra réveiller de l’âtre le tison,
Et l’espoir reviendra se chauffer à sa flamme !

Annie Poirier