Archives de catégorie : Sonnets et beaux vers

La Bandollière : Le rouge-gorge.

Le rouge-gorge

Couleur de l’automne, il est revenu
Comme le gamin courant chez sa mère
Quand la liberté redevient amère,
Couleur de l’automne, il est revenu.

Couleur de l’automne, il n’attend plus rien
Pour sa gorge rouge et sa douce plume,
Si ce n’est l’espoir que ma main rallume,
Couleur de l’automne, il n’attend plus rien.

Couleur de l’automne, il est bien poli,
En manteau de feu sur la neige blanche
Quand l’hiver venu porte sa palanche,
Couleur de l’automne, il est bien poli !

Annie

La Terza-Rima : Ma France.

Ma France

Ma France est un pays de grande liberté,
Quand la colère gronde, il faut bien la comprendre,
Mais de nos jours, hélas, plus rien n’est vérité…

Des erreurs de jadis nous devions tous apprendre
A mieux entretenir cet immense jardin,
Mais voici qu’à nouveau se réveille Cassandre !

La pagaille est partout, que l’on soit citadin,
Ou que l’on vive au cœur d’une verte campagne,
Chaque saison nouvelle apporte son gourdin !

La grogne est à genoux, nos châteaux en Espagne
Sont les moulins à vent de notre esprit frondeur,
Et chacun tire à soi les franges d’un vieux pagne !

Mais pourquoi donc encor ce regain de froideur
Contre un gouvernement que l’on dit girouette,
Où pouvoir et bonté n’ont pas la même odeur ?

La richesse est pourtant dans un vol d’alouette,
Qui chante pour nous tous dans un ciel azurin,
Mais il ne suffit pas pour remplir la brouette,

Si les plus fortunés dédaignent le pétrin !

Annie

Le sonnet français : A l’ange de la poésie.

A l’ange de la poésie

Un ange, me dis-tu, suffirait à ma prose
Pour desserrer les nœuds de mon esprit frondeur
Qui refoule les mots dont la douce candeur
Repose désormais dans les plis d’une rose ?

Moi qui n’attends plus rien pour guérir ma névrose,
Ma main, vais-je la tendre au bel ambassadeur
De cet art qui rayonne au fait de sa splendeur,
Tant sa parole est d’or et sa dentelle rose ?

S’il me prend sous son aile, ah ! j’aimerais aussi,
Bien délicatement balayer mon souci
En tirant d’une plume un peu de sa faconde !

La vanne de mes pleurs en se vidant soudain,
Lasse de bouillonner sous la rime inféconde,
Jaillirait de nouveau pour fleurir mon jardin !

Annie

Le sonnet marotique : Réminiscence.

Réminiscence

Mon père avait pleuré, moi je prenais la route,
J’allais connaître alors un tout autre destin,
Sans aucune famille et sans aucun festin,
N’ayant pas d’autre choix pour un morceau de croûte…

D’un cœur mélancolique, et d’une âme en déroute
Je garde souvenir, en ce triste matin,
Quand bien même ce temps perdu dans le lointain
Ne fait pas plus de bruit qu’un oiseau qui froufroute !

Pourquoi donc aujourd’hui le retour impromptu
D’un nuage oublié qui bien longtemps s’est tu,
Honteux d’avoir chassé d’un printemps l’allégresse.

Sans doute que le ciel, chargé de tant de pleurs,
A-t-il voulu vider son trop plein de douleurs
Dans mon hiver rempli d’amour et de tendresse !

Annie

Le sonnet marotique : Hiver gourmand.

Photo de Gérard Méry

Hiver gourmand

Ce matin la nature a blanchi le gazon,
Tout est silencieux, le décor est magique,
Je promène à pas lents une âme nostalgique,
Et déguste à loisir le suc de la saison.

Dans la douce chaleur de ma tendre maison,
Pour secouer un peu mon esprit léthargique,
Je comble mon plaisir de façon stratégique
En lançant mes filets au cœur d’un horizon !

Si le brin d’herbe a froid, la nature fidèle
Appellera bientôt la gentille hirondelle,
Il faut tuer le temps avec des rêves d’or !

Déjà le mimosa prépare son panache,
En noyant mon frisson dans un vin de grenache,
J’imagine l’espoir planant comme un condor !

Annie

Le sonnet français : Curieux oiseaux.

Curieux oiseaux !

De curieux oiseaux dansent avec Éole,
Seulement une patte et trois ailes pourtant,
Ne peuvent s’envoler pour une farandole,
Habitués qu’ils sont à ce rythme constant.

L’amoureux du moulin, de girouette folle,
Rêve pour son jardin l’espace d’un instant
De posséder aussi cette immense corole,
Mariant tant de grâce et force de titan.

Ah vous aimeriez bien que l’on vous applaudisse,
Quand jouant à l’avion, vous tournez votre hélice
Et pointez votre nez toujours vers l’horizon !

Vous n’appartenez pas aux races volatiles,
Mais si pour l’être humain vous êtes bien utiles,
Éoliennes, valsez, je vous donne raison !

Annie

Stances : Au jardin de mon coeur.

Sculpture de mon amie artiste Christiana Moreau

Au jardin de mon cœur

Au jardin de mon cœur, qu’importe la saison,
Fleurissent des mots doux comme des hirondelles,
Quand ton regard brûlant de ses mille chandelles,
Appuyé sur le mien, m’ouvre ton horizon.

Sans toi je ne serais qu’une barque en partance,
Seule sur l’océan d’un flot de sentiments,
Quand les désirs du corps, dans leurs frémissements,
Appellent au secours l’amour et sa prestance.

Depuis que j’ai reçu le cadeau de tes bras,
Ton sourire enjôleur et son lot de tendresse,
Chaque jour que Dieu fait est telle une caresse,
Mon esprit enjoué cultive ses hourras !

Dès que revient le soir, je m’accroche à ton rêve,
Nos doigts entrelacés scellent notre destin,
Et nos nuits de velours, délicieux festin,
Abreuvent tous nos sens de nectar et de sève.

Je bénis Cupidon et son habileté,
Ce bonheur est si grand, sans arrêt je le clame ;
Désormais pour toujours on m’appelle madame
Et le ciel applaudit notre félicité !

Annie

Le sonnet français : Retrouvons nos valeurs.

Retrouvons nos valeurs

Entre l’âne et le bœuf, le bonhomme et son renne,
On ne sait que choisir, plus rien n’est vérité,
Les symboles d’antan et leur humilité,
Se retrouvent bannis dans le cœur d’une arène.

Plus de crèche au village, et la croix souveraine
Doit se monter discrète en la nativité,
Tandis que d’autres dieux de leur stupidité
Sèment à tout venant la plus mauvaise graine !

C’est ainsi que l’on voit la foule s’embraser
Pour de fausses valeurs qui vont fanatiser
Un grand peuple naïf embourbé dans sa fange…

Qu’importe la croyance, il faut savoir cueillir
Le silence et la paix que nous offre une grange,
Dont la simplicité pousse à se recueillir !

Annie

Le sonnet marotique : Une curieuse année.

BLOG EN PAUSE

Joyeuses fêtes de Noël à tous !

Sculpture de mon amie Christiana Moreau

Une curieuse année

Déjà l’an se termine en gerbes de douleurs,
Que l’actualité verse à qui veut l’entendre ;
On aimerait pourtant, d’un refrain riche et tendre,
Apercevoir demain et ses doigts ciseleurs…

On observe les cieux, figés dans leurs pâleurs,
En guettant l’astre d’or qui lors se fait attendre,
Rien de tel en effet, pour enfin se détendre,
Qu’un morceau de lumière et ses mille couleurs !

Pour ne pas succomber au cafard qui se traîne,
On appelle au secours le bonhomme et son renne,
Dont la douce légende apaise un peu le cœur !

Et quand le Berger luit plus qu’à son habitude,
C’est que Noël est là, fort de sa quiétude,
Tandis que le canon crache encor sa rancœur…

Annie Poirier

Le Chant Royal : Pages de vie.

J’avais déjà publié ce Chant Royal mais il manquait une strophe, la cinquième, permettez que je le remette donc en son entier !

Pages de vie

Comment conter ma petite existence
Qui débuta dans l’ombre d’un marin ?
De ma vie à Toulon j’ai souvenance
De magnifiques champs de romarin !
Hélas, un jour je dus quitter la terre,
J’avais fini ce cours élémentaire,
Où l’on apprend le bon cheminement…
Grand-mère m’accueillit bien tendrement ;
Pour compenser l’absence maternelle,
Elle m’offrit très chaleureusement,
Beaucoup d’amour et l’abri de son aile.

A ses côtés rien n’était pénitence,
Je n’éprouvais ni cafard, ni chagrin
J’en oubliais de mes parents l’absence
Pour profiter d’un nouvel air marin.
Mis au placard son habit militaire,
Mon père auréolé de son mystère,
Choisit de force un autre embarquement.
Il fallut donc partir évidemment,
Mais où trouver la ville industrielle,
Un autre nid, un joli firmament,
Beaucoup d’amour et l’abri de son aile ?

Durant deux ans ce fut la providence,
A Montignac ma vie allait bon train ;
J’acquis enfin la belle indépendance,
Là-bas le ciel était toujours serein…
Trop jeune encor pour être autoritaire,
Je regrettais cet instant sédentaire
Quand s’arrêta le bel envoutement.
On quitta tout, le chien, le logement,
Sans doute ailleurs la nature est fidèle,
Et l’on y trouve avec apaisement,
Beaucoup d’amour et l’abri de son aile.

Au Paraguay, douce fut la sentence,
Si l’astre d’or était le suzerain,
Les flamboyants avaient belle prestance,
J’y retrouvais ma joie et mon entrain !
Quand le destin se montre délétère,
C’est au pays que l’on se désaltère,
Ce fut pour moi le début du tourment…
Adieu l’enfance et son enchantement !
Jamais plus rien n’apaisa la querelle,
Et je perdis dans cet effondrement,
Beaucoup d’amour et l’abri de son aile.

De la jeunesse j’avais bu l’essence,
Après avoir quitté ce doux écrin.
Quand la pension devint ma résidence,
Je pleurais fort le bonheur malandrin…
En ce temps-là, puisqu’il fallait se taire,
Je devins triste et très tôt solitaire,
Et je vécus ce grand chamboulement,
Sous le ciel gris d’un nouveau châtiment
Heureux celui dont l’âme fraternelle
Offre en cadeau tout naturellement
Beaucoup d’amour et l’abri de son aile !

Comme il est dur le déracinement !
Abandonnée au sein d’un bois dormant,
Il a suffit d’un cœur qui m’ensorcèle,
Et je reçus d’un brave être charmant
Beaucoup d’ amour et l’abri de son aile !

Annie