Archives mensuelles : octobre 2022

Le Rondel : Allons mon âme.

Allons mon âme

Allons mon âme cheminer
Loin de l’enfer de notre monde,
Car chaque jour, chaque seconde,
On entend l’horreur ruminer…

On ne peut vivre et badiner
Quand l’air du temps devient immonde.
Allons mon âme cheminer
Loin de l’enfer de notre monde !

Mieux vaut partir et butiner,
La fleur des champs, la belle osmonde ;
Tel un doux fruit que l’on émonde,
De bon matin pour mieux rimer,
Allons mon âme cheminer !

Annie Poirier

Le sonnet marotique : Horizon bouché.

Horizon bouché

Seule ombre à ce tableau que l’on disait champêtre
Les murs d’une demeure occultent l’horizon ;
C’est là que je pêchais des rimes à foison
En accueillant le jour, tout heureux de renaître…

Les arbres sont partis, je pleure à ma fenêtre
Car je n’aperçois plus leur riche frondaison,
Ce nouvel univers taquine ma raison ;
Comment ressusciter un peu de mon bien être ?

Il me reste le ciel pour y tremper ma plume,
Et ramener l’espoir que mon désir allume,
Le doux chant des oiseaux pour gommer les regrets…

J’habitais un quartier rempli de pâquerettes,
Désormais on y voit en guise de barrettes,
Un bien triste béton figé dans ses  attraits !

Annie Poirier

Essai de prose poétique : Mes quatre saisons.

Mes quatre saisons.

J’ai vu passer tant de nuages et tant d’oiseaux, qu’aujourd’hui seule à ma fenêtre, je vois aussi poindre un regret. Qu’il était bon le temps cerise quand les saveurs de menthe à l’eau calmaient ma fougue de gamine en quête de jeux polissons ! Après la chasse aux papillons, la vie m’ayant donné des ailes, abandonnant balle et marelle, j’ai fréquenté la cour des grands.

Ce monde-là était immense, pavée de bonnes intentions j’ai pu voguer entre insouciance et la froideur des sentiments. Un jour ce fut une évidence, en rencontrant mon amoureux, je savais bien que l’existence allait couler plus tendrement !

Entre un bleuet puis une rose, nous avons bâti notre nid où les parfums de l’habitude avaient le goût des jours heureux. Comme s’en vont les hirondelles, les tout-petits devenus grands, partent ailleurs faire moisson. Tous les violons d’un bel automne ont pleuré de mes émotions, et le grenier des amours folles a refermé son cœur battant !

Face au miroir d’un ciel de neige je vois l’hiver en capeline. Dans un soupir je m’abandonne au temps qui passe et qui me presse de savourer l’instant présent. Pour oublier la voix démone, dont le refrain m’agace un peu, je prends ma plume et je m’élance pour raconter mes rêves bleus ! 

Annie Poirier

Le Rondel : Paradis perdu.

Maison de ma grand-mère paternelle que j’ai revue cet été…  C’était un paradis lors de mes séjours chez elle  !

Paradis perdu

Le paradis je l’ai connu,
Entre un lit clos et une armoire ;
En fouillant bien dans ma mémoire,
Un souvenir est revenu !

Qu’importe son fil si ténu,
Il s’est blotti dans mon mémoire ;
Le paradis je l’ai connu,
Entre un lit clos et une armoire !

Grand-mère avait le corps menu,
Mais son reflet d’or et de moire,
Remplit le cœur de mon grimoire !
Le paradis je l’ai connu,
Entre un lit clos et une armoire.

Annie Poirier