Le sonnet français : Curieux oiseaux.

Curieux oiseaux !

De curieux oiseaux dansent avec Éole,
Seulement une patte et trois ailes pourtant,
Ne peuvent s’envoler pour une farandole,
Habitués qu’ils sont à ce rythme constant.

L’amoureux du moulin, de girouette folle,
Rêve pour son jardin l’espace d’un instant
De posséder aussi cette immense corole,
Mariant tant de grâce et force de titan.

Ah vous aimeriez bien que l’on vous applaudisse,
Quand jouant à l’avion, vous tournez votre hélice
Et pointez votre nez toujours vers l’horizon !

Vous n’appartenez pas aux races volatiles,
Mais si pour l’être humain vous êtes bien utiles,
Éoliennes, valsez, je vous donne raison !

Annie

Stances : Au jardin de mon coeur.

Sculpture de mon amie artiste Christiana Moreau

Au jardin de mon cœur

Au jardin de mon cœur, qu’importe la saison,
Fleurissent des mots doux comme des hirondelles,
Quand ton regard brûlant de ses mille chandelles,
Appuyé sur le mien, m’ouvre ton horizon.

Sans toi je ne serais qu’une barque en partance,
Seule sur l’océan d’un flot de sentiments,
Quand les désirs du corps, dans leurs frémissements,
Appellent au secours l’amour et sa prestance.

Depuis que j’ai reçu le cadeau de tes bras,
Ton sourire enjôleur et son lot de tendresse,
Chaque jour que Dieu fait est telle une caresse,
Mon esprit enjoué cultive ses hourras !

Dès que revient le soir, je m’accroche à ton rêve,
Nos doigts entrelacés scellent notre destin,
Et nos nuits de velours, délicieux festin,
Abreuvent tous nos sens de nectar et de sève.

Je bénis Cupidon et son habileté,
Ce bonheur est si grand, sans arrêt je le clame ;
Désormais pour toujours on m’appelle madame
Et le ciel applaudit notre félicité !

Annie

Le sonnet français : Retrouvons nos valeurs.

Retrouvons nos valeurs

Entre l’âne et le bœuf, le bonhomme et son renne,
On ne sait que choisir, plus rien n’est vérité,
Les symboles d’antan et leur humilité,
Se retrouvent bannis dans le cœur d’une arène.

Plus de crèche au village, et la croix souveraine
Doit se monter discrète en la nativité,
Tandis que d’autres dieux de leur stupidité
Sèment à tout venant la plus mauvaise graine !

C’est ainsi que l’on voit la foule s’embraser
Pour de fausses valeurs qui vont fanatiser
Un grand peuple naïf embourbé dans sa fange…

Qu’importe la croyance, il faut savoir cueillir
Le silence et la paix que nous offre une grange,
Dont la simplicité pousse à se recueillir !

Annie

Le sonnet marotique : Une curieuse année.

BLOG EN PAUSE

Joyeuses fêtes de Noël à tous !

Sculpture de mon amie Christiana Moreau

Une curieuse année

Déjà l’an se termine en gerbes de douleurs,
Que l’actualité verse à qui veut l’entendre ;
On aimerait pourtant, d’un refrain riche et tendre,
Apercevoir demain et ses doigts ciseleurs…

On observe les cieux, figés dans leurs pâleurs,
En guettant l’astre d’or qui lors se fait attendre,
Rien de tel en effet, pour enfin se détendre,
Qu’un morceau de lumière et ses mille couleurs !

Pour ne pas succomber au cafard qui se traîne,
On appelle au secours le bonhomme et son renne,
Dont la douce légende apaise un peu le cœur !

Et quand le Berger luit plus qu’à son habitude,
C’est que Noël est là, fort de sa quiétude,
Tandis que le canon crache encor sa rancœur…

Annie Poirier

Le Chant Royal : Pages de vie.

J’avais déjà publié ce Chant Royal mais il manquait une strophe, la cinquième, permettez que je le remette donc en son entier !

Pages de vie

Comment conter ma petite existence
Qui débuta dans l’ombre d’un marin ?
De ma vie à Toulon j’ai souvenance
De magnifiques champs de romarin !
Hélas, un jour je dus quitter la terre,
J’avais fini ce cours élémentaire,
Où l’on apprend le bon cheminement…
Grand-mère m’accueillit bien tendrement ;
Pour compenser l’absence maternelle,
Elle m’offrit très chaleureusement,
Beaucoup d’amour et l’abri de son aile.

A ses côtés rien n’était pénitence,
Je n’éprouvais ni cafard, ni chagrin
J’en oubliais de mes parents l’absence
Pour profiter d’un nouvel air marin.
Mis au placard son habit militaire,
Mon père auréolé de son mystère,
Choisit de force un autre embarquement.
Il fallut donc partir évidemment,
Mais où trouver la ville industrielle,
Un autre nid, un joli firmament,
Beaucoup d’amour et l’abri de son aile ?

Durant deux ans ce fut la providence,
A Montignac ma vie allait bon train ;
J’acquis enfin la belle indépendance,
Là-bas le ciel était toujours serein…
Trop jeune encor pour être autoritaire,
Je regrettais cet instant sédentaire
Quand s’arrêta le bel envoutement.
On quitta tout, le chien, le logement,
Sans doute ailleurs la nature est fidèle,
Et l’on y trouve avec apaisement,
Beaucoup d’amour et l’abri de son aile.

Au Paraguay, douce fut la sentence,
Si l’astre d’or était le suzerain,
Les flamboyants avaient belle prestance,
J’y retrouvais ma joie et mon entrain !
Quand le destin se montre délétère,
C’est au pays que l’on se désaltère,
Ce fut pour moi le début du tourment…
Adieu l’enfance et son enchantement !
Jamais plus rien n’apaisa la querelle,
Et je perdis dans cet effondrement,
Beaucoup d’amour et l’abri de son aile.

De la jeunesse j’avais bu l’essence,
Après avoir quitté ce doux écrin.
Quand la pension devint ma résidence,
Je pleurais fort le bonheur malandrin…
En ce temps-là, puisqu’il fallait se taire,
Je devins triste et très tôt solitaire,
Et je vécus ce grand chamboulement,
Sous le ciel gris d’un nouveau châtiment
Heureux celui dont l’âme fraternelle
Offre en cadeau tout naturellement
Beaucoup d’amour et l’abri de son aile !

Comme il est dur le déracinement !
Abandonnée au sein d’un bois dormant,
Il a suffit d’un cœur qui m’ensorcèle,
Et je reçus d’un brave être charmant
Beaucoup d’ amour et l’abri de son aile !

Annie

Stances : Les bienfaits d’un sourire.

Les bienfaits d’un sourire

La beauté d’un visage est un cadeau du ciel
Qui, dès le plus jeune âge, attendrit la famille
Cherchant à deviner sur la verte ramille
L’héritage béni d’un don essentiel !

On peut être bien fait sans se montrer aimable,
Le miroir d’un regard trahit l’esprit boudeur,
En cultivant sans cesse une telle froideur,
On se retrouve seul, c’était inévitable !

Que serait l’univers privé de son soleil,
De la lune en croissant, qui nourrit le poète,
Éclaire chaque nuit d’une aura mignonnette,
Souriante et mutine en son simple appareil ?

Ainsi notre sourire est bouquet d’espérance,
Qu’il soit timide ou franc, il demeure festin
Pour celui qui reçoit dans les bras d’un matin,
En plus de l’astre d’or, ce cadeau d’excellence !

Affectueux parfois, il guérit le chagrin,
Quand il est enjôleur, évidemment on l’aime,
S’il se montre éclatant, il mérite un poème,
Une place de roi dans mon alexandrin !

Annie Poirier

Le Double sonnet : Au vide grenier.

Au vide grenier

Parmi les bibelots, elle attendait, sereine,
Que mon œil avisé découvre une splendeur,
Qui bien discrètement rayonnait de candeur,
La statuette avait la grâce d’une reine !

J’allais abandonner ma quête souveraine,
Il ne me restait plus qu’un tout dernier vendeur
Pour satisfaire un peu mon cerveau baroudeur,
C’est là que je la vis ma petite sirène !

Était-ce une copie au style évocateur,
D’un artiste complet, dont tout l’art du sculpteur,
Avait de ses doigts d’or façonné la déesse ?

Sans doute un peu de plâtre et beaucoup de talent
Pour vendre à petit prix ce travail excellent…
Ma main cueillit l’objet avec délicatesse !

Aphrodite d’ Almicare Santini

Il arrive parfois que l’esprit se méprenne,
Bien loin d’imaginer que la douce rondeur,
Avait pris dans ma main un peu plus de lourdeur,
De ce divin objet je devins la marraine !

Quatre euros seulement, comme en tête foraine,
J’avais su diriger mon être baladeur
Vers un corps en albâtre, à la sage impudeur,
Qui sur mon vieux buffet jouerait la suzeraine !

Sous les pieds d’Aphrodite un nom de créateur,
Ajouta de la joie au nouvel amateur,
Que j’étais devenue avec force prouesse !

Ce Santini devait aimer le vers galant,
Pour avoir façonné ce regard si troublant,
Avec autant d’amour que d’intime tendresse !

Annie Poirier

Le Rondel : Allons mon âme.

Allons mon âme

Allons mon âme cheminer
Loin de l’enfer de notre monde,
Car chaque jour, chaque seconde,
On entend l’horreur ruminer…

On ne peut vivre et badiner
Quand l’air du temps devient immonde.
Allons mon âme cheminer
Loin de l’enfer de notre monde !

Mieux vaut partir et butiner,
La fleur des champs, la belle osmonde ;
Tel un doux fruit que l’on émonde,
De bon matin pour mieux rimer,
Allons mon âme cheminer !

Annie Poirier

Le sonnet marotique : Horizon bouché.

Horizon bouché

Seule ombre à ce tableau que l’on disait champêtre
Les murs d’une demeure occultent l’horizon ;
C’est là que je pêchais des rimes à foison
En accueillant le jour, tout heureux de renaître…

Les arbres sont partis, je pleure à ma fenêtre
Car je n’aperçois plus leur riche frondaison,
Ce nouvel univers taquine ma raison ;
Comment ressusciter un peu de mon bien être ?

Il me reste le ciel pour y tremper ma plume,
Et ramener l’espoir que mon désir allume,
Le doux chant des oiseaux pour gommer les regrets…

J’habitais un quartier rempli de pâquerettes,
Désormais on y voit en guise de barrettes,
Un bien triste béton figé dans ses  attraits !

Annie Poirier

Essai de prose poétique : Mes quatre saisons.

Mes quatre saisons.

J’ai vu passer tant de nuages et tant d’oiseaux, qu’aujourd’hui seule à ma fenêtre, je vois aussi poindre un regret. Qu’il était bon le temps cerise quand les saveurs de menthe à l’eau calmaient ma fougue de gamine en quête de jeux polissons ! Après la chasse aux papillons, la vie m’ayant donné des ailes, abandonnant balle et marelle, j’ai fréquenté la cour des grands.

Ce monde-là était immense, pavée de bonnes intentions j’ai pu voguer entre insouciance et la froideur des sentiments. Un jour ce fut une évidence, en rencontrant mon amoureux, je savais bien que l’existence allait couler plus tendrement !

Entre un bleuet puis une rose, nous avons bâti notre nid où les parfums de l’habitude avaient le goût des jours heureux. Comme s’en vont les hirondelles, les tout-petits devenus grands, partent ailleurs faire moisson. Tous les violons d’un bel automne ont pleuré de mes émotions, et le grenier des amours folles a refermé son cœur battant !

Face au miroir d’un ciel de neige je vois l’hiver en capeline. Dans un soupir je m’abandonne au temps qui passe et qui me presse de savourer l’instant présent. Pour oublier la voix démone, dont le refrain m’agace un peu, je prends ma plume et je m’élance pour raconter mes rêves bleus ! 

Annie Poirier