Archives de catégorie : Photos

Le sonnet marotique : Autre époque autre temps.

 

Autre époque, autre temps !


Ne gagner que trois sous pour vaquer à l’ouvrage
Pendant que ces messieurs rêvent d’être rentiers,
Voilà comment l’on perd les plus jolis métiers
Exigeant savoir-faire et beaucoup de courage !

Jadis ne disait-on, labour et pâturage
Font de notre pays les meilleurs héritiers ?
Ceux-là cultivaient l’or loin des plus beaux quartiers
Où la valeur se fond dans le creux d’un mirage…

Aujourd’hui chacun veut le beurre et son argent,
Quant à la qualité n’est-il pas affligeant
De la voir se noyer dans une mer immonde ?

Ainsi va notre époque accélérant le temps,
Mais saurons-nous toujours ciseler les printemps
Si nous courons après l’hiver de notre monde ?

Annie

Le sonnet shakespearien : Le retour de l’hirondelle.

Merci à mon amie Maria  pour cette belle mise en page !


Retour de l’hirondelle

L’hirondelle est venue au seuil de mon histoire
Pour me conter l’amour et son pays lointain,
Je retrouve aussitôt le bois d’une écritoire,
Et traduis en mots doux le charmant baratin !

Princesse de l’azur, sa danse est gracieuse,
Mon regard ébloui, charmé par son talent,
Goûte l’instant magique où l’heure précieuse
File plus vite encor qu’un vol de goéland.

Je surveille les cieux, comme on guette une rose,
Dont le bouton promet un suave parfum ;
Le nid est déjà là, sous ma poutrelle rose,
Durant tout un hiver, je l’ai couvé sans fin.

La voyant s’approcher, doucement je m’efface,
Je peux mettre un point d’or au bas de ma préface !

Annie

Le sonnet marotique : Mortagne sur Sèvre.

Mortagne Sur Sèvre

En pays de Mortagne il est un lieu charmant,
Que l’on visite à pied, mais en tendant l’oreille,
Car derrière les murs où s’amuse la treille,
On entend les oiseaux chanter allégrement.

Amoureux de la pierre et de son chatoiement,
C’est ici que l’on trouve, à nulle autre pareille,
Dans un écrin ourlé de la salsepareille,
La plus belle parure et son miroitement.

Sous couvert des logis, la nature s’invite,
Épouse le château qui doucement gravite,
Les nuits de pleine lune, autour d’anciens dictons…

Je me plais à penser qu’un nouvel Épicure,
Aimerait, c’est certain, le Jardin de la Cure,
Où s’admire au printemps la rose en ses festons !

Annie

49 e Jeux Floraux de l’Essor poétique de la Roche Sur Yon.

Sous un chaud soleil, une belle remise des prix en ce printemps ! Merci au jury et aux membres de l’Essor de la Roche Sur Yon !

Nostalgie


J’ai refermé toutes mes portes
Pour affronter les cieux plus gris.
Sur le vélin des feuilles mortes,
On voit encor maints coloris.

Pour affronter les cieux plus gris,
La cheminée ourle sa flamme.
On voit encor maints coloris
Dans les buissons que l’aube acclame !

La cheminée ourle sa flamme,
Je songe à mes étés passés.
Dans les buissons que l’aube acclame,
Les feux du temps se sont lassés !

Je songe à mes étés passés,
Déjà l’hiver met sa flanelle.
Les feux du temps se sont lassés,
Il fait bien froid dans la venelle !

Déjà l’hiver met sa flanelle,
Il a neigé dans mes cheveux…
Il fait bien froid dans la venelle,
Le blanc flocon passe aux aveux !

Il a neigé dans mes cheveux,
Traînent mes ans mille cohortes.
Le blanc flocon passe aux aveux,
J’ai refermé toutes mes portes !

Annie

Le sonnet marotique : Souvenirs de Toulon.

 

 

Souvenirs de Toulon

J’ai marché dans les pas de ma prime jeunesse,
Je voulais tout revoir, lavande et romarin,
La pinède jolie et l’ombre d’un marin,
Forte de souvenirs et de mon droit d’aînesse !

J’allais enfin plonger dans un doux bain d’ânesse,
Soulager mes regrets, mes remords, mon chagrin,
Et rire de bonheur sous un ciel azurin
Que le printemps venu brodait tout en finesse…

Ô grand port de Toulon qu’es-tu donc devenu ?
De mes songes passés, je n’ai rien reconnu,
Si ce n’est sur les flots, un vieux bateau de guerre…

De retour au village, oh miracle absolu !
L’école, la maison, le platane joufflu,
M’apparurent soudain comme ils étaient naguère…


Annie

Le sonnet curtal : Vendée terre d’emprunt.

Le Revest près de Toulon, où je suis allée à l’école primaire, et pas revu depuis mes douze ans…

Vendée, terre d’emprunt

Ô terre de lumière et de genêts en fleurs !
Pour m’avoir apporté le couvert et le gîte,
Je me dois aujourd’hui d’honorer vos valeurs.

J’avais choisi le rose entre mille couleurs
Afin d’en oublier ce monde qui s’agite,
Et préféré le mien pour y sécher mes pleurs.

Vous avez tant souffert de guerres inutiles,
Qu’orpheline de cœur, loin des plaintes futiles,
J’ai béni votre sceau.

Mais cependant jamais vous ne serez ma mère ;
Celle qui m’a nourrie à force d’être amère
Me rappelle au berceau…

Annie Poirier

Le sonnet layé : Retour du printemps.

Aquarelle de mon amie Marie-Luce

BLOG EN PAUSE

Retour du printemps


Désormais, chaque jour, chantent les tourterelles,
Leur refrain est si doux !
Le printemps se profile à l’abri des tourelles,
Des sapins, et des houx.

Dans les prés reverdis, sourient les pâquerettes
Au bras de riches boutons-d’or,
Et l’on voit naître enfin de tendres amourettes
A la porte de messidor !

Quelques parfums nouveaux chatouillent les narines,
Et lorsque l’on entend des échos de clarines,
C’est la fête au bonheur !

Ainsi que des enfants au final des kermesses,
Chacun s’en va cueillir les bouquets de promesses
D’un divin moissonneur !

Annie

Le sonnet marotique : Enfin du bonheur.


Enfin du bonheur

Enfin, le soleil brille et les oiseaux des cieux
Chantonnent un refrain qui parle de victoire,
Celle du renouveau, dont l’éternelle histoire,
Clôture une saison au regard sourcilleux.

Et j’applaudis déjà le retour gracieux
D’un habile printemps, penché sur l’écritoire
Afin d’y dessiner une autre trajectoire,
Quand l’univers fleuri se veut plus spacieux.

Enjoué, le crocus, depuis belle lurette,
En lançant son clin d’œil à chaque pâquerette,
A donné le signal de la fête au bonheur !

Jacinthes en manchon, jonquilles éclatantes,
Appellent en renfort les roses débutantes
Qui bientôt souriront à mon rêve flâneur !

Annie

Le sonnet marotique : Guerre encore…


Guerre encore

Ô monde choisis bien ton futur gouvernant !
Vois ce peuple qui meurt, frappé par la mitraille
D’un homme dont l’esprit visiblement déraille,
Et qui par son pouvoir assomme un continent !

Chaque siècle a son monstre, il est hallucinant
D’entendre de nouveau l’autorité qui braille ;
L’histoire avait pourtant fait tomber sa muraille,
L’Europe ayant promis un ciel plus avenant.

Et ce fou continue à forger son empire,
Tandis que le printemps, qui lentement soupire,
Éponge les sanglots de familles en pleurs.

Après avoir banni tout ce qui fut naguère,
On ne doit accepter que revienne une guerre,
Dont la triste semence est le poison des fleurs…

Annie

Le Rondel : Folie humaine.


Folie humaine

Plus jamais ça disaient nos pères,
Plus de mitraille et de canon,
Et l’on apprit à dire non
A tous les fous et leurs vipères !

Mais dans le fond de leur repaires
Certains rêvaient gloire et renom…
Plus jamais ça disaient nos pères,
Plus de mitraille et de canon !

Voilà qu’à nouveau, sans repères,
On voit un peuple au doux renom
Perdre la vie et son chaînon…
Adieu patrie, aubes prospères !
Plus jamais ça disaient nos pères…

Annie