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La Terza-Rima : Ma France.

Ma France

Ma France est un pays de grande liberté,
Quand la colère gronde, il faut bien la comprendre,
Mais de nos jours, hélas, plus rien n’est vérité…

Des erreurs de jadis nous devions tous apprendre
A mieux entretenir cet immense jardin,
Mais voici qu’à nouveau se réveille Cassandre !

La pagaille est partout, que l’on soit citadin,
Ou que l’on vive au cœur d’une verte campagne,
Chaque saison nouvelle apporte son gourdin !

La grogne est à genoux, nos châteaux en Espagne
Sont les moulins à vent de notre esprit frondeur,
Et chacun tire à soi les franges d’un vieux pagne !

Mais pourquoi donc encor ce regain de froideur
Contre un gouvernement que l’on dit girouette,
Où pouvoir et bonté n’ont pas la même odeur ?

La richesse est pourtant dans un vol d’alouette,
Qui chante pour nous tous dans un ciel azurin,
Mais il ne suffit pas pour remplir la brouette,

Si les plus fortunés dédaignent le pétrin !

Annie

Le sonnet marotique : Réminiscence.

Réminiscence

Mon père avait pleuré, moi je prenais la route,
J’allais connaître alors un tout autre destin,
Sans aucune famille et sans aucun festin,
N’ayant pas d’autre choix pour un morceau de croûte…

D’un cœur mélancolique, et d’une âme en déroute
Je garde souvenir, en ce triste matin,
Quand bien même ce temps perdu dans le lointain
Ne fait pas plus de bruit qu’un oiseau qui froufroute !

Pourquoi donc aujourd’hui le retour impromptu
D’un nuage oublié qui bien longtemps s’est tu,
Honteux d’avoir chassé d’un printemps l’allégresse.

Sans doute que le ciel, chargé de tant de pleurs,
A-t-il voulu vider son trop plein de douleurs
Dans mon hiver rempli d’amour et de tendresse !

Annie

Le sonnet marotique : Hiver gourmand.

Photo de Gérard Méry

Hiver gourmand

Ce matin la nature a blanchi le gazon,
Tout est silencieux, le décor est magique,
Je promène à pas lents une âme nostalgique,
Et déguste à loisir le suc de la saison.

Dans la douce chaleur de ma tendre maison,
Pour secouer un peu mon esprit léthargique,
Je comble mon plaisir de façon stratégique
En lançant mes filets au cœur d’un horizon !

Si le brin d’herbe a froid, la nature fidèle
Appellera bientôt la gentille hirondelle,
Il faut tuer le temps avec des rêves d’or !

Déjà le mimosa prépare son panache,
En noyant mon frisson dans un vin de grenache,
J’imagine l’espoir planant comme un condor !

Annie

Stances : Au jardin de mon coeur.

Sculpture de mon amie artiste Christiana Moreau

Au jardin de mon cœur

Au jardin de mon cœur, qu’importe la saison,
Fleurissent des mots doux comme des hirondelles,
Quand ton regard brûlant de ses mille chandelles,
Appuyé sur le mien, m’ouvre ton horizon.

Sans toi je ne serais qu’une barque en partance,
Seule sur l’océan d’un flot de sentiments,
Quand les désirs du corps, dans leurs frémissements,
Appellent au secours l’amour et sa prestance.

Depuis que j’ai reçu le cadeau de tes bras,
Ton sourire enjôleur et son lot de tendresse,
Chaque jour que Dieu fait est telle une caresse,
Mon esprit enjoué cultive ses hourras !

Dès que revient le soir, je m’accroche à ton rêve,
Nos doigts entrelacés scellent notre destin,
Et nos nuits de velours, délicieux festin,
Abreuvent tous nos sens de nectar et de sève.

Je bénis Cupidon et son habileté,
Ce bonheur est si grand, sans arrêt je le clame ;
Désormais pour toujours on m’appelle madame
Et le ciel applaudit notre félicité !

Annie

Le sonnet marotique : Une curieuse année.

BLOG EN PAUSE

Joyeuses fêtes de Noël à tous !

Sculpture de mon amie Christiana Moreau

Une curieuse année

Déjà l’an se termine en gerbes de douleurs,
Que l’actualité verse à qui veut l’entendre ;
On aimerait pourtant, d’un refrain riche et tendre,
Apercevoir demain et ses doigts ciseleurs…

On observe les cieux, figés dans leurs pâleurs,
En guettant l’astre d’or qui lors se fait attendre,
Rien de tel en effet, pour enfin se détendre,
Qu’un morceau de lumière et ses mille couleurs !

Pour ne pas succomber au cafard qui se traîne,
On appelle au secours le bonhomme et son renne,
Dont la douce légende apaise un peu le cœur !

Et quand le Berger luit plus qu’à son habitude,
C’est que Noël est là, fort de sa quiétude,
Tandis que le canon crache encor sa rancœur…

Annie Poirier

Le Chant Royal : Pages de vie.

J’avais déjà publié ce Chant Royal mais il manquait une strophe, la cinquième, permettez que je le remette donc en son entier !

Pages de vie

Comment conter ma petite existence
Qui débuta dans l’ombre d’un marin ?
De ma vie à Toulon j’ai souvenance
De magnifiques champs de romarin !
Hélas, un jour je dus quitter la terre,
J’avais fini ce cours élémentaire,
Où l’on apprend le bon cheminement…
Grand-mère m’accueillit bien tendrement ;
Pour compenser l’absence maternelle,
Elle m’offrit très chaleureusement,
Beaucoup d’amour et l’abri de son aile.

A ses côtés rien n’était pénitence,
Je n’éprouvais ni cafard, ni chagrin
J’en oubliais de mes parents l’absence
Pour profiter d’un nouvel air marin.
Mis au placard son habit militaire,
Mon père auréolé de son mystère,
Choisit de force un autre embarquement.
Il fallut donc partir évidemment,
Mais où trouver la ville industrielle,
Un autre nid, un joli firmament,
Beaucoup d’amour et l’abri de son aile ?

Durant deux ans ce fut la providence,
A Montignac ma vie allait bon train ;
J’acquis enfin la belle indépendance,
Là-bas le ciel était toujours serein…
Trop jeune encor pour être autoritaire,
Je regrettais cet instant sédentaire
Quand s’arrêta le bel envoutement.
On quitta tout, le chien, le logement,
Sans doute ailleurs la nature est fidèle,
Et l’on y trouve avec apaisement,
Beaucoup d’amour et l’abri de son aile.

Au Paraguay, douce fut la sentence,
Si l’astre d’or était le suzerain,
Les flamboyants avaient belle prestance,
J’y retrouvais ma joie et mon entrain !
Quand le destin se montre délétère,
C’est au pays que l’on se désaltère,
Ce fut pour moi le début du tourment…
Adieu l’enfance et son enchantement !
Jamais plus rien n’apaisa la querelle,
Et je perdis dans cet effondrement,
Beaucoup d’amour et l’abri de son aile.

De la jeunesse j’avais bu l’essence,
Après avoir quitté ce doux écrin.
Quand la pension devint ma résidence,
Je pleurais fort le bonheur malandrin…
En ce temps-là, puisqu’il fallait se taire,
Je devins triste et très tôt solitaire,
Et je vécus ce grand chamboulement,
Sous le ciel gris d’un nouveau châtiment
Heureux celui dont l’âme fraternelle
Offre en cadeau tout naturellement
Beaucoup d’amour et l’abri de son aile !

Comme il est dur le déracinement !
Abandonnée au sein d’un bois dormant,
Il a suffit d’un cœur qui m’ensorcèle,
Et je reçus d’un brave être charmant
Beaucoup d’ amour et l’abri de son aile !

Annie

Stances : Les bienfaits d’un sourire.

Les bienfaits d’un sourire

La beauté d’un visage est un cadeau du ciel
Qui, dès le plus jeune âge, attendrit la famille
Cherchant à deviner sur la verte ramille
L’héritage béni d’un don essentiel !

On peut être bien fait sans se montrer aimable,
Le miroir d’un regard trahit l’esprit boudeur,
En cultivant sans cesse une telle froideur,
On se retrouve seul, c’était inévitable !

Que serait l’univers privé de son soleil,
De la lune en croissant, qui nourrit le poète,
Éclaire chaque nuit d’une aura mignonnette,
Souriante et mutine en son simple appareil ?

Ainsi notre sourire est bouquet d’espérance,
Qu’il soit timide ou franc, il demeure festin
Pour celui qui reçoit dans les bras d’un matin,
En plus de l’astre d’or, ce cadeau d’excellence !

Affectueux parfois, il guérit le chagrin,
Quand il est enjôleur, évidemment on l’aime,
S’il se montre éclatant, il mérite un poème,
Une place de roi dans mon alexandrin !

Annie Poirier

Le Double sonnet : Au vide grenier.

Au vide grenier

Parmi les bibelots, elle attendait, sereine,
Que mon œil avisé découvre une splendeur,
Qui bien discrètement rayonnait de candeur,
La statuette avait la grâce d’une reine !

J’allais abandonner ma quête souveraine,
Il ne me restait plus qu’un tout dernier vendeur
Pour satisfaire un peu mon cerveau baroudeur,
C’est là que je la vis ma petite sirène !

Était-ce une copie au style évocateur,
D’un artiste complet, dont tout l’art du sculpteur,
Avait de ses doigts d’or façonné la déesse ?

Sans doute un peu de plâtre et beaucoup de talent
Pour vendre à petit prix ce travail excellent…
Ma main cueillit l’objet avec délicatesse !

Aphrodite d’ Almicare Santini

Il arrive parfois que l’esprit se méprenne,
Bien loin d’imaginer que la douce rondeur,
Avait pris dans ma main un peu plus de lourdeur,
De ce divin objet je devins la marraine !

Quatre euros seulement, comme en tête foraine,
J’avais su diriger mon être baladeur
Vers un corps en albâtre, à la sage impudeur,
Qui sur mon vieux buffet jouerait la suzeraine !

Sous les pieds d’Aphrodite un nom de créateur,
Ajouta de la joie au nouvel amateur,
Que j’étais devenue avec force prouesse !

Ce Santini devait aimer le vers galant,
Pour avoir façonné ce regard si troublant,
Avec autant d’amour que d’intime tendresse !

Annie Poirier

Le Rondel : Allons mon âme.

Allons mon âme

Allons mon âme cheminer
Loin de l’enfer de notre monde,
Car chaque jour, chaque seconde,
On entend l’horreur ruminer…

On ne peut vivre et badiner
Quand l’air du temps devient immonde.
Allons mon âme cheminer
Loin de l’enfer de notre monde !

Mieux vaut partir et butiner,
La fleur des champs, la belle osmonde ;
Tel un doux fruit que l’on émonde,
De bon matin pour mieux rimer,
Allons mon âme cheminer !

Annie Poirier

Le sonnet marotique : Horizon bouché.

Horizon bouché

Seule ombre à ce tableau que l’on disait champêtre
Les murs d’une demeure occultent l’horizon ;
C’est là que je pêchais des rimes à foison
En accueillant le jour, tout heureux de renaître…

Les arbres sont partis, je pleure à ma fenêtre
Car je n’aperçois plus leur riche frondaison,
Ce nouvel univers taquine ma raison ;
Comment ressusciter un peu de mon bien être ?

Il me reste le ciel pour y tremper ma plume,
Et ramener l’espoir que mon désir allume,
Le doux chant des oiseaux pour gommer les regrets…

J’habitais un quartier rempli de pâquerettes,
Désormais on y voit en guise de barrettes,
Un bien triste béton figé dans ses  attraits !

Annie Poirier