Essai de prose poétique : Mes quatre saisons.

Mes quatre saisons.

J’ai vu passer tant de nuages et tant d’oiseaux, qu’aujourd’hui seule à ma fenêtre, je vois aussi poindre un regret. Qu’il était bon le temps cerise quand les saveurs de menthe à l’eau calmaient ma fougue de gamine en quête de jeux polissons ! Après la chasse aux papillons, la vie m’ayant donné des ailes, abandonnant balle et marelle, j’ai fréquenté la cour des grands.

Ce monde-là était immense, pavée de bonnes intentions j’ai pu voguer entre insouciance et la froideur des sentiments. Un jour ce fut une évidence, en rencontrant mon amoureux, je savais bien que l’existence allait couler plus tendrement !

Entre un bleuet puis une rose, nous avons bâti notre nid où les parfums de l’habitude avaient le goût des jours heureux. Comme s’en vont les hirondelles, les tout-petits devenus grands, partent ailleurs faire moisson. Tous les violons d’un bel automne ont pleuré de mes émotions, et le grenier des amours folles a refermé son cœur battant !

Face au miroir d’un ciel de neige je vois l’hiver en capeline. Dans un soupir je m’abandonne au temps qui passe et qui me presse de savourer l’instant présent. Pour oublier la voix démone, dont le refrain m’agace un peu, je prends ma plume et je m’élance pour raconter mes rêves bleus ! 

Annie Poirier

Le Rondel : Paradis perdu.

Maison de ma grand-mère paternelle que j’ai revue cet été…  C’était un paradis lors de mes séjours chez elle  !

Paradis perdu

Le paradis je l’ai connu,
Entre un lit clos et une armoire ;
En fouillant bien dans ma mémoire,
Un souvenir est revenu !

Qu’importe son fil si ténu,
Il s’est blotti dans mon mémoire ;
Le paradis je l’ai connu,
Entre un lit clos et une armoire !

Grand-mère avait le corps menu,
Mais son reflet d’or et de moire,
Remplit le cœur de mon grimoire !
Le paradis je l’ai connu,
Entre un lit clos et une armoire.

Annie Poirier

Stances : Magique campagne.

Magique campagne

La vie à la campagne est une providence,
Que cela soit un choix, ou par le pur hasard ;
Comment ne pas bénir l’engouement du lézard
Pour qui terre et soleil sont comme une évidence ?

Dans le petit matin, nos regards si gourmands,
Cherchent à deviner ce que l’aube murmure,
Quand un tendre zéphyr, jouant sur la ramure,
Réveille des éclats sertis de diamants.

Chaque saison nouvelle est une friandise ;
Le plateau du printemps en gerbes de couleurs,
Déroulant son tapis brodé de mille fleurs,
Invite à savourer la tendre musardise !

Dans la touffeur du soir des étés polissons,
On ouvre la fenêtre, on capture la lune,
Un soupçon de fraicheur sera notre fortune,
Avec l’or des genêts et le chant des pinsons.

Si la brume envahit la plaine et la bergère,
C’est que septembre est là, riche de ses fruits mûrs
Que l’on s’en va cueillir en amont des vieux murs,
Dès que le temps se vêt d’une brise légère.

Les frimas de l’hiver brodent des napperons,
Sculptent des souvenirs afin de nous surprendre ;
La nature est fidèle à qui sait la comprendre
Et s’invite chez nous jusque sur les perrons !

Annie

Prix de poésie pour Le pinson du matin !

Le pinson du matin
Qu’importe la froidure ou l’actualité,
Le pinson du matin m’offre sa sérénade,
Je déguste son chant, telle une limonade
Désaltère la soif de musicalité !

J’en oublie aussitôt toute brutalité,
Mon esprit frétillant, du cœur de sa manade,
Laisse éclater sa joie et d’une talonnade
Fait tinter les grelots de ma vitalité !

Tandis qu’une jacinthe ourle enfin sa guêpière.
La nature engourdie entrouvre une paupière,
Dès que la tourterelle amorce son refrain.

Envolés les soucis et tous les jours moroses !
J’imagine déjà, caché dessous mes roses
Le grillon prisonnier de mon alexandrin !

Annie Poirier

 

 

 

 

Le sonnet marotique : Retrouvailles.

Retrouvailles

Son regard est plus doux que la douceur des anges,
Et ses cheveux plus purs que les neiges d’antan ;
D’un corps devenu vieux, je ne vois que le tan,
Car, hélas, j’ai manqué le meilleur des vendanges…

Nos chapelets de mots, tels des chants de mésanges,
Racontent notre hier, indigne charlatan,
Ayant conduit mes jours au pays de l’autan,
Tandis que s’oubliait la valeur des échanges.

Pour elle j’ai voulu réveiller le passé,
Mais le temps, ce vaurien, est trop souvent pressé,
Je me dois aujourd’hui d’honorer la belle âme…

Le tendre souvenir me fait battre le cœur,
J’ai manqué le repas mais j’ai bu la liqueur,
Sans le savoir, ma tante a ranimé ma flamme !

Annie

Le sonnet français : Pauvre jardin.

Mon blog est hébergé sur un nouveau serveur, voici désormais le lien :

http://verannie.fr

Je dois moi-même habituer à quelques nouveautés, j’espère que vous n’aurez pas de difficulté pour vous y rendre !

Pauvre jardin

Le jardin rayonnait de ses mille fleurettes
Dont je prenais grand soin, si fière évidemment,
De voir sortir de terre et rose et diamant,
Après l’or des ajoncs, velours et collerettes !

Mais hélas aujourd’hui, même les pâquerettes,
Qui montrent leur bon cœur habituellement,
Envient le nénuphar et son ruissellement
Quand frémit le bassin aux notes guillerettes…

Tout transpire ou bien meurt sous mes yeux attentifs
A maintenir vivants les plants les plus chétifs,
Qui devraient mettre au jour d’invisibles corolles.

C’est pour le potager que je garde un peu d’eau,
-Peut-on laisser périr d’aussi belles scaroles ?-
Puis je reprends ma plume en quête d’un rondeau !

Annie

Le sonnet marotique : Merveilleux été.

 

Un grand merci à mon amie Maria pour cette superbe mise en page !

Merveilleux été


La foule des oiseaux amuse ma chaumière,
Réveille les matins de leurs chants racoleurs,
Un coin de paradis, aux doux parfums de fleurs,
Sur terre est descendu dans un rai de lumière.

Éclatante, je vois une rose trémière
Défroisser ses froufrous, fière de ses couleurs,
Que l’été rayonnant, de ses doigts ciseleurs,
Distribue en plein juin comme une avant première !

Et juillet qui s’éclate, en sa belle mi-temps,
Fait danser dans les cœurs des rêves envoûtants,
Sous des flocons de lune à la teinte ivoirine.

La lave du mois d’août a roussi le verger,
Le temps file plus vite à l’ombre du Berger,
J’ajoute à mon dessert un jus de nectarine !

Annie

Le sonnet irrégulier : Sagesse obligatoire.

Sagesse obligatoire !


Je vois, vous souriez devant mon état d’âme
Lorsque l’âge avançant il me vient des frayeurs !
– Cupidon désormais ira-t-il voir ailleurs
Afin de ménager et mon cœur et sa dame ?

Me faudra-t-il aussi rallonger mon jupon
S’il n’est plus de bon goût de montrer mes gambettes ?
Vais-je donc maintenant regretter les courbettes ?
Ah non ! Rassurez-moi, ce serait le pompon !

Et ne me dites pas tout ce que je devine :
L’apparence n’est rien sans la grande bonté !
Mais ne trouvez-vous pas votre Muse divine

Quand apparaît soudain quelque grain de beauté,
Niché, le bienheureux, dans le creux d’un corsage ?
Ah bien triste est la vie à force d’être sage !

Annie

La Glose : A la pêche aux souvenirs.

Glose à partir d’un quatrain d’une amie poétesse, que j’admire, de l’Essor poétique de la Roche Sur Yon dont je fais partie.


Blessure de l’exil

Entre les rochers bruns, serpentent des cascades,
Leurs chuchotements purs de rires cristallins
Transportent tous mes sens, m’ouvrent des barricades
De l’espace et du temps vers la voix des moulins.

Marie-Thérèse Cornuat

A la pêche aux souvenirs

Depuis que j’ai revu la petite maison,
Mes plus vieux souvenirs partent en cavalcades,
Leurs galops incessants taquinent ma raison ;
Entre les rochers bruns, serpentent des cascades.

La vie a fait son œuvre en usant ma mémoire,
Comment ressusciter les délicats filins
Des songes du passé dans leur robe de moire,
Les chuchotements purs de rires cristallins ?

Lors je ferme les yeux pour revoir mes vingt ans
Quand le bonheur coulait avec force saccades.
Les doux parfums d’hier soufflés par les autans,
Transportent tous mes sens, m’ouvrent des barricades…

Et voilà que soudain le plus gai des ramages
Réveille tout à coup mes rêves orphelins,
Tandis que mon esprit relance les images
De l’espace et du temps, vers la voix des moulins !

Annie

Stances : Mortagne en poésie.

Mortagne en poésie


Un habile poète, on ne peut plus affable,
Nous a conté Mortagne et son écrin d’argent,
Où tout un petit peuple, adorable régent,
S’est réveillé soudain dans le creux d’une fable !

Car c’est là sous la pierre, où dorment les lézards,
Qu’on entend murmurer les songes des venelles,
Berçant le promeneur de rimes éternelles,
Quand celui-ci devient amoureux des beaux arts !

De l’église assoupie, aux rives de la Sèvre,
Ralentissez le pas, cueillez chemin faisant,
Ce décor magnifique, au minois séduisant,
Dès que l’astre du jour lui dessine une lèvre.

Dans le chant des grillons, rêvent d’anciens moulins,
Puisqu’ils ont tout donné, même en étant sans ailes,
C’est pour eux qu’aujourd’hui dansent les demoiselles,
Leur incessant ballet fait naître des câlins.

Il est d’autres trésors, modestes et pudiques,
Que seul l’œil attentif saura bien découvrir ;
Fontaines aux longs becs, vous êtes à chérir,
Quand vos pleurs font danser leurs notes mélodiques !

Pour un peu de repos, ou pour l’âme apaiser,
Notre Dame du Pont, du chœur de sa chapelle,
Dans un silence d’or tendrement vous appelle,
Jusqu’à l’heure où le ciel offre un dernier baiser !

Annie Poirier, Mortagne sur Sèvre